Lectures Mélancoliques.

Articles

avril 30, 2017

Michaël Haneke Film : « Caché ». Octobre 2005. Première impression en sortant : film magistral, construit comme un théorème, une impitoyable équation sur l’absence à soi et au monde et sur le meurtre de l’Autre. Une version moderne de Caïn et Abel ? Premier plan : plan extérieur fixe. «On» et nous, regardent de l’extérieur une maison, à une distance qu’on dirait en d’autres circonstances «respectable », une distance de surveillance policière ; mais c’est un regard indifférent, fixe, froid, un regard de machine. On pense à l’enregistrement automatique de cameras de surveillance extérieures qui sont animés par ordinateur où une seule personne devant des panneaux multiples peut surveiller tout un quartier voire toute une ville. D’ailleurs le générique du film apparaît comme tapé par un clavier d’ordinateur, caractère par caractère. En fait, au bout d’un assez long moment l’image nous fait faire à la fois un saut arrière dans le temps et dans l’espace. Quelq

mai 30, 2012

Vichy un passé qui ne passe pas (1994) Les auteurs : Eric CONAN, Journaliste et Henry ROUSSO, Directeur de recherche au CNRS, (Institut d’histoire du temps présent) (Tous les deux nés 10 ans après la fin de la guerre) Problématique du livre : Réflexions sur les résonances de la période de l’occupation dans la mémoire collective française depuis 1945 jusqu’en 1994. Il faut éviter que le « devoir de mémoire », s’il est exagérément sacralisé, n'occulte le souci de vérité historique. Résumé analytique Introduction. « La mémoire dans tous ses états » Dans les années 1970 l’occupation ressurgit comme un souvenir obsédant pour la conscience collective. Ce phénomène n’est pas exclusivement français : • En Allemagne le passé nazi ressurgit aussi • Depuis la chute du mur de Berlin les pays de l’est sont confrontés à la mémoire du Stalinisme mais aussi à celle de la Seconde Guerre Mondiale • Israël est aussi confronté dans les années 80/90 à la contestation de

"Le retour d'Eva Perón" par V.S. Naipaul.

mai 28, 2012

V.S. Naipaul : Le retour d’Eva Perón " Les capitalistes ne sont pas argentins. Seuls ceux qui n'ont rien sont argentins " Il est étonnant que cet auteur indien des Antilles arrive à capter en si peu de mots et de temps ce qui fait l’étrangeté de ce pays. Peut-être parce que déraciné lui-même et d’une famille aux multiples origines et cultures il est capable, plus qu’un écrivain enraciné dans une seule terre, de comprendre un pays dont l’identité nationale se dérobe, un pays d’immigrations successives et « contradictoires » ou complémentaires, juifs fuyant les pogroms et nazis fuyant la justice, grands propriétaires anglais ou espagnol et paysans pauvres de l’Italie, aventuriers et persécutés, tous vivants fondamentalement sous des identités d’emprunts. Un pays d’où les esclaves noirs ont mystérieusement disparus (mais il n’y avait pas d’économie de plantations et la main d’œuvre massive n’était pas nécessaire) Comme « terre de la grande promesse »

mai 28, 2012

PREMIERE CRITIQUE An 2000 Désir d'Europe De Pierre-Jean REMY. Diplomate, ancien consul à Florence, en poste juste après mon départ de cette ville, puis directeur de la grande bibliothèque je crois, et maintenant RIP au lieu de VIP. C’est un de ces livres mille fois publiés et promis à un pilon rapide qui montrent la médiocrité tranquille qui affecte périodiquement l'édition française. Et sans doute aussi les éditions d'autres pays, comme le craint Shigehiko Hasumi dans une interview au "Monde des livres". Critique et écrivain, professeur à l'Université de Tokyo Tôdaï dont il vient d'être élu président, Hasumi parle dans cet article du terrible courant d'uniformisation de l'édition mondiale. " Si un Proust présentait maintenant son manuscrit chez Gallimard, il serait aussi facilement refusé qu'il le fut par Gide " écrit-il. Et aussi facilement qu'a été accepté ce "Désir d'Europe" ajoute le criti

mai 28, 2012

Quelque repères personnels. La ci-devant bloggeuse lit deux ou trois livres par semaine en moyenne et est reconnaissante à certains critiques professionnels de lui avoir fait découvrir des livres ou des auteurs. La critique peut être un métier mais c'est aussi l'activité inconsciente de tout lecteur vraiment amoureux. J'essaie ici de mettre en forme ce que je pense de certains livres qui valent la peine d'être lu ou au contraire dont la médiocrité provoque une riposte naturellement vaine. Où je lis Pas dans quelque chose qui bouge. Impossible de lire en bus ou métro (nausée) en avion (sommeil) en voiture (nausée). Sur un transatlantique serait possible mais je ne prends jamais de transatlantique. Lire chez soi, dans un jardin public, dans un café (sans télévision), à la plage ou au bord d'une piscine mais sous un parasol et par moins de 25° Celsius. Plages normandes plus favorables que les plages méditerranéennes. Feuilleter debout dans une belle